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L’eau
se faufile partout, elle se trouve toujours un chemin pour continuer
son aventure. On a beau construire des barrages et des digues, elle
finira bien par trouver son chemin vers l’océan.
Si l’on essaie de la contenir, elle cherchera la fissure et
l’agrandira à petits pas ou dans un
déchaînement prodigieux.
On peut l’apprivoiser, mais l'on ne peut la
maîtriser complètement; la faire devenir ce
qu’elle n’est pas ou ne veut pas être.
L’eau a besoin d’un cadre pour se rendre
à l’océan où elle atteindra
sa pleine maturité, ce cadre est symbolisé par
les ruisseaux, les rivières, les fleuves et
l’océan lui même. Ce cadre lui sert
à aller où elle sent qu’elle doit
aller, à poursuivre son but, son épanouissement.
La rivière n’empêche pas l’eau
de couler, elle ne fait que lui montrer le chemin, elle lui indique la
direction qu'ont pris avant elle bien des petites gouttes d'eau. Elle
lui désigne le sentier le plus sûr pour
l’empêcher de s’éloigner de
son but. Si l’eau décide de quitter le lit de la
rivière, elle risque de se retrouver dans un endroit
où elle ne pourra atteindre son but
d’épanouissement, elle deviendra stagnante.
Lorsque cela lui arrive, elle lance un message, elle sent
qu’on essaie de la diriger où l’on veut
qu’elle aille et non, où elle veut aller.
L’enfant c’est pareil, son chemin c’est
l’épanouissement. Il a besoin d’un cadre
de vie pour y arriver. Ce cadre c’est le sentiment
d’être aimé, d’être
en sécurité, de pouvoir se nourrir, de pourvoir
être reconnu, etc. Ce cadre, c’est
également les consignes, les règles de vie, les
valeurs sociales, ses parents, les adultes qu’il
côtoie, et même toi son animateur/trice, son
éducateur/trice. Sans “sa
rivière” à lui, il risque de se
ramasser dans un endroit où il ne pourra pas
développer son plein potentiel.
Pour se rassurer et se sécuriser, il cherchera la fissure
dans “sa rivière”, il testera la
règle afin de savoir si celle-ci est valable et durable. Si
elle l’est, son sentiment de sécurité
sera renforcé, il continuera son chemin l’amenant
à son but. Mais, s’il perçoit la
règle fragile, il s’y infiltrera afin de voir
jusqu’où il peut l’agrandir, la
défier et il ressentira, l’espace d’un
moment, un sentiment d’extrême pouvoir
où rien ne peut lui résister. Mais, ce sentiment
est très éphémère, car il
est signe d’insécurité, il
développe le sentiment d’abandon. Si cela se
reproduit souvent, sa confiance en l’adulte
sécurisant disparaîtra, il se sentira comme une
proie fragile à la merci de tous et comme l’animal
qui se sent traqué, il sortira ses crocs, prêt
à mordre au moindre signe de danger. Pendant qu’il
mettra toute son énergie à faire croire aux
autres qu’il est dangereux, il s’égarera
de son chemin, de son but.
Et comme on ne peut faire à la place de l’enfant,
qu’il ne sert à rien de vouloir plus fort que lui,
que la motivation au changement doit venir de façon
intrinsèque (de l’intérieur de
lui-même), notre but est donc de l’aider
à se réconcilier avec sa rivière. Lui
montrer qu’il y a des rivières qui ont perdu le
sens de leur rôle mais qu’il y en a encore, et
même beaucoup, qui sont prêtes à jouer
leur rôle, malgré leurs petites fissures bien
personnelles qu’ils prennent garde de laisser
s’agrandir à la moindre crise perceptible.
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